Les Zones à faibles émissions mobilités (ZFE-m) suscitent de vives réactions et débats. Mais quel est leur réel impact sur les choix d’achat des Français ? L’organisme AAA Data a mené une enquête approfondie pour répondre à cette question brûlante.
Un constat sans appel : un impact limité
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La réponse est claire : pour la grande majorité des personnes concernées, les ZFE n’ont pas véritablement influencé leurs décisions d’achat. Avant de se pencher sur les exceptions, examinons d’abord cette tendance générale. Selon AAA Data, l’effet des ZFE reste « relativement faible » en région parisienne, qui compte pourtant parmi les premières zones à avoir adopté cette mesure avec Grenoble. Cette constatation est également valable pour la plupart des ZFE en France. Voici quelques chiffres marquants :
- A Reims, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Montpellier et Grenoble, seulement 3 % des acheteurs ont opté pour un véhicule électrique en ce début d’année 2024, bien en dessous de la moyenne nationale qui atteint près de 15 % de part de marché.
- A Nice et Marseille, les véhicules Crit’Air 0 et 1 représentent même moins de 50 % des achats.
Il est vrai que l’on observe une légère augmentation des ventes de véhicules électrifiés, mais il s’agit d’une tendance encore timide. AAA Data souligne que les achats de voitures électriques sont passés de 2 % à 5 % entre 2020 et les cinq premiers mois de 2024 (4 % en 2022). Dans le même temps, les achats de véhicules neufs et d’occasion répondant aux normes Crit’Air 1 sont passés de 40 % à 51 %. Ces chiffres restent cependant peu impressionnants.
Il convient de noter que les modèles Crit’Air 1 se font de plus en plus rares chez les concessionnaires, en raison des pénuries et des délais de livraison prolongés pour les véhicules neufs. Les acheteurs se tournent donc vers des modèles d’occasion peu kilométrés, mais la demande pour les véhicules d’occasion de moins de 5 ans a connu une baisse de 1,3 % en juin.
Paradoxalement, les Français semblent même se tourner de plus en plus vers des voitures plus anciennes voire vers des véhicules diesel, malgré le contexte inflationniste actuel.
Les exceptions : Saint-Etienne et Rouen
Heureusement, il existe deux exceptions qui confirment la règle : les métropoles de Saint-Etienne et de Rouen. Dans le cas de Rouen, la situation n’est pas surprenante. Avec une interdiction annoncée rapidement et une notoriété grandissante, de nombreux habitants ont été contraints de changer de véhicule. Dans la métropole, les modèles Crit’Air représentent 73 % des achats entre janvier et mai, contre seulement 45 % dans l’ensemble du département de Seine-Maritime.
La situation de la ZFE de Saint-Etienne est plus étonnante, car les particuliers ne sont pas soumis aux restrictions. Jusqu’à présent, seuls les poids lourds non classés (mis en circulation avant le 1er octobre 2001) et les utilitaires légers également non classés (mis en circulation avant le 1er octobre 1997) ne sont plus autorisés à circuler dans la ZFE. On peut donc supposer que la proportion de véhicules concernés est très faible. Pourtant, 80 % des habitants de Saint-Etienne ont opté pour des modèles Crit’Air 0 et 1 ! Cette proportion est bien plus élevée que celle du département, qui s’élève à seulement 45 %. Les autorités locales ont-elles mieux communiqué sur la ZFE ? Les habitants de Saint-Etienne seraient-ils plus sensibles à ces questions ? Une enquête approfondie serait nécessaire pour en savoir plus.
En conclusion, malgré la médiatisation croissante des ZFE, celles-ci n’ont pas encore un impact significatif sur les choix d’achat des Français dans la plupart des cas. Les modèles électriques restent minoritaires et les véhicules d’occasion récents connaissent également une baisse de popularité. Cependant, les exceptions de Saint-Etienne et Rouen montrent qu’une communication efficace et des mesures contraignantes peuvent influencer les décisions des consommateurs. Il sera intéressant de suivre l’évolution de cette tendance à l’avenir.